L'art du jeu
Chad Harbach
Lattès
664 pages
22.50 €
Plantons le décor : Westish College, Wisconsin ;
son équipe de baseball, les Harponneurs. Henry, Mike, Owen, joueurs de cette
même équipe ; Guert et Pella Affenlight, respectivement président du college et sa fille, liés de diverses
façons à ces joueurs.
Henry est un jeune prodige. Au fur et à mesure des matches,
un avenir brillant semble lui être destiné.
Et puis un jour...ça dérape.
Et vous voilà pris dans une sorte de jeu de domino, ou une
spirale infernale, au choix… On hésitera tout au long de la lecture de ce roman
à le définir comme une série de portraits, un roman sportif, « de
campus » ou simplement un roman typiquement américain.
Au final, peu importe car ce roman est les trois à la fois.
Le lecteur fait connaissance avec des personnages forts, ambigus, imparfaits,
obstinés, déprimés, délicats, mais tous attachants… Au point que l’on se sent
impuissant à assister à la chute de Henry, à l’onde de choc qui touchera ses
proches puis les proches des proches. On aimerait pouvoir leur épargner tout
cela et puis quel soulagement quand, enfin, l’air redevient (un peu)
respirable.
Dans le même temps, le lecteur vit dans ce college, se retrouve plongé dans son
rythme, ses tensions, ses petites histoires, sa routine et certainement dans
cette période étrange de la vie où tout bouge très vite. Il y a cette
atmosphère particulière que l’on a pu voir dans certains films ou lire dans
certains romans (on pensera inévitablement aux Revenants de Laura Kasischke : http://librairiedutheatre.blogspot.fr/2011/09/les-revenants-laura-kasischke-christian.html ).
Enfin ce roman est parsemé de références littéraires,
philosophiques et culturelles. Guert, Owen, Pella vivent pour et par cette
culture, celle de Thoreau, Whitman, Melville…Le campus, le baseball,
l’importance du sport pour les étudiants américains, la « Nature » du
Wisconsin…Ce roman est aussi, même s’il ne s’agit certainement pas de son but
premier, une fenêtre sur une parcelle de ce qui fait les Etats-Unis, ce qui en
fait (aussi) sa richesse.
Voilà. A la fin, on ne comprend pas forcément mieux le
baseball ou le système éducatif américain, mais on a vécu les matches avec une
réelle passion, on a envie de relire Moby Dick ou Henry Thoreau, on ressent
encore de la tendresse pour ces personnages finalement si proches de nous…
Anne.
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