Et un autre commentaire de Henri Delorme
Park Avenue
Cristina Alger
Albin Michel
464 pages
22 €
Quand la crise financière accouche parfois les plus beaux scandales …on déboule
au cœur de la famille Darling, famille patricienne new yorkaise qui évolue dans
un milieu endogamique et autarcique : les familles financières de New
York.
En ouvrant ce livre vous allez d’abord découvrir ce qu’est Park
Avenue est une rue où sont nichées toutes les grandes fortunes de la côte Ouest,
blotties dans de luxueux appartements décorés de façon outrancière ou des
maisons bordée par deux buis en pot classieusement taillés.
Les rejetons de
ces familles, ont tous fait leurs études à Harvard ou Princeton, sont promis à
des situations bien rémunérées dans des cabinets d'avocats ou des banques
d'investissement. Tout leur sourit. Dotés de physiques de mannequins de pub pour
Ralph Lauren, ils véhiculent leurs certitudes de fêtes caritatives en soirée
brillantes.
Parmi ceux-ci, Paul Ross, un jeune avocat.
En rentrant
chez les Darling Paul Ross n’a pas seulement épousé Merrill, fille de Carter
Darling, un financier milliardaire. All inclue…..un appartement sur Park Avenue,
week-ends dans les Hamptons, jobs en or, soirées de charité avec le Tout
Manhattan.
Paul perd son emploi, Carter lui propose de diriger l’équipe
d’avocats de son fonds spéculatif, une fabuleuse opportunité
Le Corbusier
traitait New York de magnifique catastrophe, Wall Street vivait la
sienne.
D’emblée la disparition d’un curieux personnage déclenche un
count-down oppressant……la bombe à retardement est mise en route lors du week end
de Thanksgiving.
Les vacances débutent …..alors que les grandes banques
menacent de s’effondrer.
Sur Park Avenue, la célèbre avenue, gravite la «
fine fleur » de la finance américaine : traders, avocats, membres des organismes
de contrôle, créateurs de fonds spéculatifs, investisseur, préparent leur exode
du week end dans les Hampton.
Tout allait si bien…mais voilà !!!!un grain de
sable va dérégler ce beau décor de carte postale…..
Morty Réis, l’ami de la
famille (« Oncle Morty ») l’as de la finance a eu la mauvaise idée de se
suicider, soulevant les cœurs, mais aussi de nombreuses questions concernant le
fonds qu’il a construit, d’une redoutable performance“
Serait-il un nouveau
Madoff….avec des courbes de performances trop belles pour être vraies.
La
fortune serait elle assise sur une gigantesque escroquerie ??
Seuls
quelques fous bossent pendant cette semaine de tous les dangers qui risque de
déboucher sur un scandale épouvantable …éclaboussant la famille Darling.
En
tout cas le vent de la panique souffle sur Park Avenue où chacun s’évertuera à
trouver le bouc émissaire idéal pour porter le chapeau…les rats quittent souvent
le navire en pareilles circonstances.
La dinde de Thanksgiving cuisinée
amoureusement par des domestiques zélés parfume ce week- end qui offre une pause
respiratoire à la curée de la justice et de la presse qui ne manqueront pas de
faire tomber les têtes dans la sciure
Ainsi les ailes du pouvoir
vont-elles flamber sous les feux des médias comme si un nouveau Bûcher des
Vanités s’allumait pour la seconde fois.
Paul adorait « cette ville où les
saisons sont marquées. L'arrivée de l'hiver y a quelque chose d'électrique.
Malgré le froid et les trottoirs sablés, la saison est d'une beauté
époustouflante.....pendant quelques heures la neige saupoudre les trottoirs de
sucre glace et transforme les gratte-ciel en luxueuses pièces montées...page 174
»...
Cette saison marquerait elle la fin de la dynastie Darling et la fin
d’un système financier parvenu à la limite de son exercice ?
Pour ce
jeune avocat sudiste si vite habitué au luxe de sa vie new-yorkaise :
appartement sur Park Avenue, il va falloir vite choisir son camp : sauver sa
peau et trahir sa femme et sa belle-famille, ou bien protéger l’entreprise
familiale coûte que coûte.
Cristina pose son regard froid et dans un élan de
pédagogie met à plat tous les états d’âme fugitifs de cette famille Darling et
de son entourage.
« Si les Darling n'étaient pas pauvres au sens
conventionnel du terme.ils l'étaient dans le mileu dans lequel ils
évoluaient........mais les Darling ne sont pas une famille comme les autres...
»...
La chance n’est pas faite pour durer et l’auteur se garde bien de juger
les protagonistes, en dresse toutefois un portait assez cruel de ces
personnes…..explose les certitudes de ces Wasp arrogants, menteurs
Le fonds
spéculatif de Morty va-t-il effondrer l’édifice familial Darling et deviendra
t’il le fond que va toucher cette famille en cette fin de Thanksgiving et faire
basculer définitivement son destin en l’espace d’un week- end ?
Plus qu’une
crise financière c’est un voile qui se lève sur les comportements
familiaux….moments funestes où la solidarité familiale masquée par des sourires
aux dents trop blanches, vole en éclats.
Cristina Alger, diplômée d’économie
(Harvard et New York), avocate spécialisée dans le domaine financier, signe avec
maestria Park Avenue … son premier roman, tout en dominant son sujet.
Les
qualités d’un livre sont de raconter, distraire et instruire, et de faire
réflechir,mission est remplie pour cet ouvrage qui ne vous lâche plus
Un
roman fascinant qui parle aussi bien de la famille, que d’argent et d’ascension
sociale..Jay MC Inerney qui considère que ce produit littéraire est le meilleur
que la crise financière ait pu accoucher
Particulièrement bien documenté, ce
roman haletant, dresse un portrait terrifiant du monde de la finance mondiale à
l’entame d’une année2013 annoncée comme austère.
Henri Delorme, le mag chic